Lœœuvre de Robert Lepage relève de lœinvention perpétuelle. Elle a contribué à élargir le territoire du théâtre pour y intégrer dœautres formes dœexpression (la photographie, le cinéma, la vidéo et la musique, au premier chef). Issue de lœimprovisation, de la marionnette, de la création collective, la pratique lepagienne, « à forte technologie rapportée , sœinscrit dans un théâtre de lœimage où se mêlent tradition et modernité, dans une narration renouvelée. Ludovic Fouquet propose de cette pratique une lecture globale - depuis les débuts en 1979 jusquœà aujourdœhui -, cœest-à-dire ouverte sur lœensemble des moyens dœexpression quœelle met à contribution, à la fois dans leur dimension technique (rôle et fonctionnement de lœécran, par exemple) et dans leur répercussion symbolique. Témoin dœun projet depuis la répétition jusquœà sa représentation, il glisse sans cesse de la salle aux coulisses. Il montre comment le travail de création repose avec confiance sur le chaos et une généralisation du croisement, tout en définissant un univers scénique particulier, générateur dœimages. La réflexion de Lepage évolue ainsi de lœespace théâtral vers lœimage théâtrale, une image comprise comme surface de représentation. Le plateau a opéré un redressement vertical générant un espace ambigu. De la fusion du regard du spectateur et de la pensée scénique du créateur sœélabore, pendant le spectacle, un langage partagé qui enrichit le plateau dœune sémantique inédite.